vendredi 9 septembre 2011

L'homme et la sirène - Épilogue

Chapitre X - Épilogue
           
            Le soleil n'avait pas encore fait son apparition qu'à l'arrière de la maison, à la fenêtre du haut, s'alluma la lumière d'une lampe de chevet. M. Abbott s'y présenta et scruta l'horizon. La mouette qui nichait sur le rebord ne remarqua pas sa présence, trop endormit qu'elle était.  Le visage parcheminer sourit, ça faisait 70 ans jour pour jour qu'il avait laissé sa bien aimé sur les rivages de son domaine. Le ciel nocturne était tacheté de frêle nuage blafard. Monsieur Abbott, sentit pour la première fois le poids de l'âge. Il était temps, sa vie avait été des plus remplie. Se détournant de sa contemplation, il se racla la gorge et trotta vers sa vielle commode. Il enleva son pyjama, le plia avec soin et le déposa sur le meuble comme à son habitude. Il sortit ensuite son plus bel habit du garde-robe, un ensemble brun carotté de fine ligne bleu. Mr. Abbott s'admirait dans la glace en fignolant sa présentation lorsque l'horloge grand-père sonna les quatre heures du matin. Cette pièce d'antiquité lui manquerait songea t'il avec nostalgie. Il sortit de sa chambre et descendit à la cuisine. Tout en prenant son déjeuner, il écrit plusieurs lettres; la plupart a des amis ou de la parenté. La dernière s'adressait à son frère Paul et se résumait seulement à quelques mots.
-"Mon cher Paul, tu as toujours été un frère formidable, je t'aime de tout mon être, ton frère Francis p.s. Ne me cherche pas mais souviens toi de mon histoire et tu comprendra." Relut-il à haute voix.
            Satisfait il joignit à la lettre, un acte notarié le désignant comme légataire de tout ses biens ainsi que sa propriété. Il déposa le paquet d'enveloppes à la boite au lettre au bout de son entré et leva le petit drapeau. Il remonta l'allée et emprunta le sentier de pierre. Les lueurs de l'aube illuminèrent son chemin jusqu'a sa remise. Il y pénétra et dénicha facilement ce qu'il cherchait; un objet long envelopper avec soin dans un morceau de voile au fond d'un coffret en bois. Il empocha l'objet et ressortit. Il contempla une dernière fois la demeure qu'il avait habité durant plus de 60 ans. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir un léger pincement au cœur a l'idée de la quitter. Il y avait vécu tant de souvenir et de jours heureux. Décidé et résolu, il se détourna et emprunta l'escalier à flan de falaise. Les marches grisâtre par l'humidité grincèrent sous son passage. Le son et sa présence soulevèrent l'indignation de quelques goélands qui nichait à même la roche. Le bois fit place à un sable rocailleux. Il ôta ses chaussures, les balança dans le sable et roula ses bas de pantalon. Le sable frais lui chatouillait les orteils. Fébrile, il trotta jusqu'à la mer. Les vagues s'écrasait sans relâche en douceur. Le spectacle étaient majestueux; le soleil s'élevait a l'horizon, les oiseaux marins lançaient leur trille et les eaux de l'atlantique scintillait. Il s'immergea jusqu'au genou sans ressentir la morsures des flot glacial. Tremblant d'excitation, il sortit le paquet de son veston. Il écarta affectueusement la toile et dévoila une magnifique corne de narval. Plusieurs trous en perforaient la surface. Les yeux humides, il contempla l'instrument. Il avait passé plus de 10 ans à sa confection. S'imposant la perfection dans les moindres détails. Nerveux, il porta l'embouchure à ses lèvres et ferma les yeux. Ses doigts s'élancèrent avec la même dextérité de ses 17 ans. Une longue et douce note jaillit. Pour Francis, le temps et l'espace se figea. La mélodie du "chant de la sirène" s'éleva. La chanson flotta sur le souffle du large et lança son appel. Monsieur Abbott joua comme il ne l'avait jamais fait au par avant. On pouvait sentir tout son amour se déverser à chaque note. La dernière note mourut et il rouvrit les yeux.  Là, devant lui, au milieu des vagues, la belle jeune fille d'antan. Elle était identique à son souvenir sinon encore plus belle. Sa manne verte blonde encadrait son visage espiègle, le teint légèrement bleuté était fendu d'un immense sourire radieux, Monsieur Abbott fondit en larmes et s'élança vers la sirène. Ils s'embrassèrent longuement puis la belle rompit l'étreinte.
-Tu m'as tant manqué, je me languissait d'entendre a nouveau le son de ta voix et tes douces chanson.
-A chaque printemps je me faisait violence pour ne pas me précipité sur cette plage et jouer notre air. A chaque fois je me disait, non, la flute n'est pas prête, je dois encore l'amélioré. J'ai encore des choses à vivre ici. Mais plus cette fois, j'ai fait adieux a cette vie, je suis prêt a vivre le peu qu'il me reste avec toi. Durant toute ces années j'ai patienté pour toi. Avoua t'il sincère.
-J'ai un cadeau pour toi. dit-elle de sa voix chantante en sortant une peau de phoque tanné et ouvragé. Mets là et tu pourra m'accompagner. L'enjoignit t'elle.
            Sans hésité, il se dévêtit et l'enfila sur ses épaules. Le vieil homme ressentit un étrange picotement et constata avec stupéfaction, le vêtement se fondre sur sa propre peau. Il arborait une teinte grise bleuté. Ses traits retrouvèrent l'apparence lisse de sa jeunesse, ses doigts se palmèrent et une splendide et puissante queue de phoque troqua ses vieilles jambes tremblotantes. Une douce caresse remplaça le froid intense de l'eau. Ébahi, il contempla sa nouvelle physionomie. De joie, il embrassa de nouveau Merluna. Puis d'un regard complice tous deux plongèrent sous les vagues et disparurent main dans la main dans les profondeurs des eaux de Terre-Neuve. Heureux d'être enfin à nouveau réunis.

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